L’Etude sur les filets sociaux au Cameroun
Pour mettre en place un système de filets sociaux au Cameroun, le Gouvernement a d’abord réalisé, avec l’appui de la Banque mondiale, une Etude sur les filets sociaux au Cameroun dont le rapport a été publié en juin 2012. Cette étude, qui était préalable aux autres étapes a permis au Gouvernement de disposer d’une base analytique adéquate permettant de renforcer son système de filets sociaux et de développer un mécanisme de protection sociale ciblé aux populations vulnérables.
Il en ressort globalement que :
- le Cameroun ne dispose pas d’un système coordonné de programmes de filets sociaux ancrés dans une politique nationale de protection sociale, mais de quelques programmes spéciaux à couverture très limitée, et non adaptés pour s’attaquer aux problèmes de la pauvreté chronique,
- l’enveloppe budgétaire allouée aux activités relatives à la protection sociale est très faible et largement dominée par les dépenses en matière de santé et d’éducation,
- les programmes relatifs aux subventions des prix du carburant sont les plus coûteux, mais ne ciblent pas les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables.
L’Etude démontre par ailleurs qu’en introduisant des programmes relatifs aux transferts directs et aux travaux publics, bien conçus et ciblés de manière efficace, il serait possible d'étendre la couverture du Cameroun en matière de filets sociaux à la majorité des personnes vivant en état de pauvreté chronique, dans les limites de l’enveloppe budgétaire actuellement disponible.
L’étude recommande alors notamment :
- d’élaborer une stratégie cohérente en matière de filets sociaux,
- d’améliorer l'efficacité des programmes existant,
- de lancer de nouveaux programmes qui répondent aux besoins des personnes vivant dans un état de pauvreté chronique et dans l’insécurité alimentaire,
- de mettre en place un cadre de financement durable pour la protection sociale et les programmes de filets sociaux,
- de mettre en place un système robuste de suivi et d'évaluation des filets sociaux afin de faciliter une prise de décisions stratégique et éclairée,
- de renforcer le cadre stratégique et institutionnel en vue de la conception, de la mise en œuvre et de la gestion des programmes de filets sociaux.
Sur la base de ces recommandations, le Gouvernement a engagé les travaux de mise en place d’un système de filets sociaux efficace à travers la mise en œuvre d’un Projet Filets Sociaux en deux étapes à savoir :
- l’expérimentation d’un Projet Pilote Filets Sociaux et
- la mise en place d’un programme national de filets sociaux à travers le Projet IDA.
Le Projet Pilote Filets Sociaux
Financé entièrement par le Gouvernement, il a permis d’expérimenter entre novembre 2013 et janvier 2016, un programme de transferts monétaires directs sans conditions à 2.000 ménages.
Chaque ménage a bénéficié des transferts monétaires d’un montant total de 360.000 FCFA pendant 24 mois en raison de 20.000 FCFA tous les deux mois et de 80.000 le 12ème et le 24ème mois.
Les ménages ont été sélectionnés dans deux communes à savoir la Commune de Soulédé Roua dans la région de l’Extrême-Nord avec 1.500 ménages choisis dans 15 villages et la commune de Ndop dans la région du Nord-Ouest avec 500 ménages choisis dans 7 quartiers.
Le programme pilote a permis :
- de développer une méthodologie de ciblage des pauvres chroniques,
- de construire un système de paiement propre aux réalités camerounaises,
- de définir une approche d’accompagnement des bénéficiaires,
- d’améliorer les conditions de vie des ménages bénéficiaires et
- de développer les compétences nationales en matière de transferts monétaires.
La mise en place d’un programme national de filets sociaux à travers le Projet IDA
Le Gouvernement et la Banque mondiale ont procédé à la signature de l’accord de crédit d’un montant de 50 millions de dollars US en avril 2014 pour le financement de la mise en place d’un programme national de filets sociaux.
L’Accord de crédit est entré en vigueur en juin 2014. D’une durée de 5 ans, le Projet sur financement IDA s’exécute en zone rurale dans les cinq régions qui présentent les taux de pauvreté chronique les plus élevés et dans les villes de Yaoundé et de Douala. Il s’agit des régions de l’Extrême-nord, du Nord, de l’Adamaoua, de l’Est, du Nord-ouest.
Il comprend les composantes suivantes :
Composante 1 : Poser les bases d'un système de filets sociaux et appui à la gestion du projet : cette composante appuie notamment le Gouvernement dans l’élaboration des systèmes pour coordonner et gérer les programmes de filets sociaux destinés aux personnes pauvres et vulnérables.
Composante 2 : Programme pilote de transferts monétaires doté de mesures d'accompagnement visant à l'augmentation de la productivité des ménages : cette composante appuie l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme pilote de transferts monétaires doté de mesures d'accompagnement afin de soutenir et d’accroître la productivité des ménages vivant en situation de pauvreté chronique. Le programme bénéficie à 40 000 ménages qui perçoivent chacun, un montant total de 360.000 FCFA pendant 24 mois en raison de 20.000 FCFA tous les deux mois et de 80.000 le 12ème et le 24ème mois.
Composante 3 : Programme pilote de travaux publics : cette composante mis au point et permet de tester un programme pilote de travaux publics à haute intensité de main-d’œuvre (THIMO) visant à aider les ménages vulnérables à affronter des chocs exogènes (comme les sécheresses ou les inondations) à travers le financement de petits projets communautaires qui fourniront environ 60 jours de travail à chaque bénéficiaire. Le programme bénéficie à 30 000 personnes qui perçoivent chacune un montant de 1 300 FCFA par jour de travail.
Au total, le Projet sur financement IDA bénéficie à 82.000 ménages à travers 3 programmes :
Un programme de transferts monétaires ordinaires directs sans condition (TMO)
Qui bénéficie à 40.000 ménages en 2 phases de 20.500 ménages et 19.500 ménages..
Chaque ménage perçoit pendant 24 mois, un montant total de transferts monétaires de 360.000 FCFA, en raison de 20.000 FCFA tous les deux mois et de 80.000 le 12ème et le 24ème mois.
Un programme de transferts monétaires d’urgence (TMU)
Qui se réalise dans certaines communes de la région de l’Extrême-nord, pour répondre aux problèmes liés à l’afflux massif des personnes déplacées et des réfugiés dans cette région. Le programme touche 12.000 ménages en deux phases de 6.000 bénéficiaires chacune. Chaque bénéficiaire reçoit un montant total de transferts de 180.000 FCFA pendant 12 mois, en raison de 30.000 FCFA tous les deux mois.
Un programme de travaux publics à haute intensité de main d’œuvre (THIMO)
Qui bénéficie à 30.000 personnes dans les 5 régions. Le programme se réalise en 6 phases de 5.000, 3.000, 7.000, 6.000, 6.000, 3.000 bénéficiaires. Chaque bénéficiaire perçoit un montant de 1.300 FCFA par jour de travail pour 60 jours de travail au total.